AOC, AOP : un label, des appellations...

5 mai 2013

 

Une Appellation d'Origine Contrôlée (AOC), et maintenant sa dénomination européenne Appellation d'Origine Protégée (AOP), c'est un cahier des charges rigoureux que se sont donné des producteurs sur un terroir afin de protéger leur savoir faire et leur territoire. Elle s'applique à des denrées alimentaires.

Dans un contexte de scandales alimentaires à grande échelle, les valeurs portées par ces AOP sont une garantie pour les consommateurs de trouver un produit contrôlé, typique et de qualité. Cependant, chaque AOP, chaque AOC est le fruit de décision des producteurs locaux. Chaque cahier des charges est différent. Certains sont assez larges, d'autres très contraignants. Parfois trop lorsqu'ils ne laissent plus la place au génie humain et aux caprices de la Nature. À trop vouloir contrôler et normer, il y a parfois un risque d'homogénéiser. Ce qui peut aller à l’encontre des objectifs de l'appellation. Il s'agit de protéger, pas de figer. C'est tout l'enjeu de l'évolution des cahiers des charges : savoir intégrer les évolutions dans les productions, les contraintes nouvelles (sociales, règlementaires, …) tout en concevant la typicité des produits.

 

Petit tour d'horizon à l'occasion du Festival des AOC de Cambremer.

 

(Cliquez sur les images pour les agrandire)

 

Les producteurs de cidre du Cotentin se sont regroupés pour obtenir un label AOC. Objectif : qualifier leur produit et avoir une reconnaissance sur le marché normand du cidre par les consommateurs. Ils se sont donné des règles de production, de typicité de leur cidre (une amertume en fin de bouche) qu'ils s'imposent avec rigueur.

 

 

L'AOC Cidre du Cotentin c'est aussi une façon de valoriser le territoire des producteurs auquel ils sont tous attachés.

Le Rocamadour, fromage AOP depuis de nombreuses années, a su garder le cap face à la crise financière. Pour ce producteur, sans l'AOP et les contrôles rigoureux qui sont faits sur la qualité du fromage, ils auraient coulé comme beaucoup d'autres producteurs. Ce qu'il souhaite : des contrôles encore plus rigoureux et toujours aussi fréquents. Aujourd'hui les productions quotidiennes sont systématiquement vérifiées. Cela permet de réagir vite en cas de problème.

Le cahier des charges de l'AOP Comté est très clair : les fruitières doivent obligatoirement collecter leur lait dans un rayon maximum de 25 kilomètres. Cela a une double conséquence : garder des fruitières locales de petites tailles, et donc éviter l’installation d'industrie laitière qui viendrait faire concurrence ; mais aussi de façonner le paysage puisque les vaches ne doivent pas être plus de 1 à l’hectare. Un outil pour le développement local avec une véritable filière du Comté !

Pour les producteurs de lait l'enjeu est important : le lait de bonne qualité partira en AOP Livarot au lait cru et sera valorisé financièrement. S'il n'a pas les caractéristiques requises, il sera utilisé en lait pasteurisé. Même s'il est parfois difficile de savoir ou va exactement le lait lorsqu'on a affaire avec des grands groupes laitiers. Cependant les agriculteurs du pays d'Auge sont associés à l'évolution des AOP. Ils participent donc à la définition des règles qu'ils vont s'imposer.

 

L'AOC Gaillac a su s'imposer sur le marché des petits terroirs viticoles (3 900 hectares et 160 000 hectolitres). Pour les producteurs, l'AOC est un guide d'amélioration de leur qualité pour ce plus vieux vignoble français. C'est aussi un véritable atout commercial et une reconnaissance de qualité auprès de consommateurs.

 

 

 

L'AOC Bas-Armagnac garantit au consommateur une production locale. Mais elle garantit aussi les producteurs contre toute concurrence d'échelle industrielle : le vin blanc qui sert à sa production doit impérativement être issue du terroir.

 

Le Pouilly-Fumé est très typé. Le cahier des charges de l'AOC est très strict, avec des obligations qui intègrent des caractéristiques gustatives et olfactives. L'avantage de cette normalisation est que le consommateur peut faire confiance à la marque : un Pouilly-Fumé est un Pouilly-Fumé quel que soit le producteur, au risque de mettre de coté l'intervention de l'Homme et de la Nature dans la diversité des productions. Et de transformer un produit vivant en un produit homogène et stéréotypé.

L'AOC Calvados du Pays d'Auge se différencie par la provenance de sa matière première : les vergers doivent être labellisés pour que les pommes puissent intervenir dans la fabrication de ce Calvados. Encore une solution pour garder une production, sa main-d’œuvre et ses retombées économiques sur un territoire. Et de garantir une diversité de produits en fonction des sensibilités des producteurs.

 

L'AOC Cidre du Pays d'Auge apporte une réelle plus-value aux vergers labellisés. Les pommes sont vendues plus chères à la tonne. Les agriculteurs s'y retrouvent, d'autant que « les pommes ça pousse tout seul ! », et que les terrains sont valorisés en pâture.

L’Andouille de Vire, célèbre spécialité Normande, n'a pas d’appellation d'origine. La production normande de porcs ne suffit pas pour fournir la matière première, donc pas d'AOP, et obtenir une marque qui s'appuie sur le nom d'une ville est très compliqué. Alors les producteurs se raccrochent à la marque de la chambre d'agriculture « Bienvenue en Gourmandie ».

Le Safran de Normandie n'a ni label AOC, ni AOP, pas même une Identification Géographique Protégée... Ils vont cependant obtenir le label Bio. Ces producteurs sont les seuls en Normandie, ils ont donc déposé la marque « Safran de Normandie ». Une marque qu'ils sont les seuls à pouvoir utiliser. Une autre façon de se protéger, même si leur production est entièrement vendue car reconnue de grande qualité par les restaurateurs notamment.

 

De la bière « style anglais », mais fabriquée en Normandie. Voilà comment ce producteur se définit lui-même. Et pour garder le style anglais, il va acheter toutes ses matières premières en Angleterre. Le style anglais ? Une amertume plus prononcée qui ne convient pas toujours aux consommateurs français. Alors il ajoute sur certaines gammes du miel de châtaignier (de Normandie). Pas d’appellation pour cette bière, juste un style.

 

« Honba no honmono » : produits d'origine et de qualité authentiques. C'est le système de normes d'appellation pour les marques de produits alimentaires japonnais. Certifié par la Japan Food Industry Association, le précieux label est très contraignant. Seules une trentaine de produits en sont dotés. Mais cette démarche est récente au Japon, elle commence seulement à porter ses fruits.


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Commentaires: 14
  • #1

    Deryckere (lundi, 06 mai 2013 07:20)

    Merci pour ce reportage
    J'ai cru reconnaitre le viticulteur de Pouilly fumé !!!

  • #2

    Fromages AOC de Normandie (lundi, 06 mai 2013 10:48)

    Encore un vraiment bon moment, sous le soleil cette année. Ce rendez-vous est vraiment plaisant pour qui veut rencontrer les producteurs et découvrir les produits dans leur authenticité au coeur de leur terroir.

  • #3

    Corinne (lundi, 06 mai 2013 17:43)

    Merci pour ce reportage.Une preuve pour les consommateurs que nous sommes que nous pouvons aujourd'hui encore consommer bien et "durablement"... Amitiés

  • #4

    duke (mardi, 07 mai 2013 06:56)

    Et bien, quel reportage !
    Nous sommes à mille lieu du " consomme et tais-toi ! "
    Bonne journée.

  • #5

    JacklineG (mercredi, 08 mai 2013 06:39)

    Il y en a des "trésors" dans notre beau pays ! Bonne journée

  • #6

    tede (jeudi, 09 mai 2013 19:14)

    Tu nous proposes que d'excellents produits qui font honneur à ces producteurs. Merci pour ce partage. Bonne soirée.

  • #7

    Nicou (vendredi, 10 mai 2013 05:27)

    Quel reportage que de bonnes choses le terroir français sueprbe.
    Amitié

  • #8

    gootchai (vendredi, 10 mai 2013 11:12)

    Un superbe reportage!!!! bravo

  • #9

    gerard1948 (vendredi, 10 mai 2013 21:05)

    Merci d'être passé chez moi, superbe ton article sur les AOC, malheureusement avec la crise beaucoup de personnes sont obligés de prendre la sale bouffe au détriment de ces bons produits. Excellent travail.
    Bonne soirée.

  • #10

    Patrick (samedi, 11 mai 2013 10:58)

    Bonjour
    Un article qui va bien dans le sens de mon blog - conserver le patrimoine , la qualité et les traditions ! Bravo - Je viens aussi d' AM3 -
    A bientôt - Pat

  • #11

    keyouest (dimanche, 12 mai 2013 08:44)

    le patrimoine le conserver pas facile si' c'est du bon vin ,il goulaye vite dans la gorge :-))

  • #12

    Perrot claire (dimanche, 12 mai 2013 15:16)

    Bjr Fabien, joli reportage sur Cambremer !
    Une erreur quant au Comté : 1 seule vache par hectares et non 10 !
    Merci de rectifier.
    Bien a vous,
    Claire

  • #13

    diana (dimanche, 12 mai 2013 17:18)

    Merci pour les photos!
    C'est pourça nous aimons bien de vivre en France!
    Bisous des Hollandais....

  • #14

    Helene (samedi, 18 mai 2013 11:33)

    une nouvelle orientation de ton site: "Bravo !" L'introduction est tres claire et bien orientée vers la defense des petits producteurs, avec la qualité...!puisse ce combat aller plus vite que l"empoisonnement proposé par la grande distribution! -Continues!